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Entre
idéal et expérience vécue : |
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Thèse
de doctorat, soutenue par Juliette WEBER le 17 décembre 2009 à l’Ecole Centrale
Paris
Eléonore MOUNOUD |
Maître de conférences (HDR), Ecole Centrale
Paris |
Pierre-Louis DUBOIS |
Professeur, Université Panthéon
Assas-Paris II |
Bernard COVA |
Professeur, Euromed Marseille, Rapporteur |
Valérie-Inès de LA VILLE |
Professeur, Université de Poitiers, Rapporteur |
Alain CAILLE |
Professeur, Université Paris-Ouest La Défense |
Dominique CUFI |
Directrice du GIE Campus, Invitée |
Résumé de
thèse
Doctorat
de Sciences de Gestion
Résumé : Cette recherche, centrée sur le concept de « valeur
de lien », traite plus spécifiquement de sa mobilisation au sein de
l’entreprise d’assurance mutualiste, en vue d’esquisser un renouveau de son
modèle ainsi que de l’idéal démocratique dont il est porteur.
Elle s’inscrit dans les évolutions de la société contemporaine, dans
laquelle le consumérisme de masse fait progressivement place à une consommation
choisie, et où la relation de pur commerce prend une dimension sociétale. La
dichotomie classique producteur-consommateur est ainsi tempérée, et l’on
assiste à l’établissement de nouveaux types de relations entre les acteurs de
la consommation.
L’analyse de ce processus d’effacement progressif des frontières entre
acteurs de la consommation est au cœur de notre travail. En effet, au sein des
sociétés d’assurance mutualistes, les parties prenantes nouent des relations
spécifiques, qui dépassent la relation de consommation classique, apportant à
l’échange marchand, au-delà d’une valeur d’échange et d’une valeur d’usage, une
« valeur de lien ».
Le concept de valeur de lien est issu des sciences sociales. L’émergence
des « communautés de marques » dans le domaine de l’économie des
biens a conduit les théoriciens et les praticiens du marketing à mobiliser ce
concept dans les sciences de gestion. Mais la mobilisation de ce concept dans
l’économie des services et plus spécifiquement dans l’assurance, reste encore
fragmentaire et partielle, laissant ainsi un champ libre à ce travail de
recherche.
Notre recherche trouve son ancrage dans un travail d’enquête effectué au
sein du sociétariat et de certains personnels du groupe Macif. Nous avons été conduits
à qualifier la valeur de lien « d’objet fuyant », et donc à concevoir
une démarche d’investigation spécifique permettant de la mettre en évidence et
de la caractériser au sein de l’entreprise. Cette démarche s’appuie sur une
analyse d’entretiens effectués auprès d’un groupe exploratoire constitué de
sociétaires et de personnels en contact du groupe Macif. Elle met en œuvre une
technique de codage des données et un traitement informatique adapté (logiciel Modalisa).
La démarche d’investigation s’effectue selon une double analyse des
données, de type étique-émique (ou horizontal-vertical),
visant tout d’abord à comprendre ce qui fait sens à travers les discours
des répondants, ensuite à dégager de ce sens les éléments d’une
structuration de la valeur de lien. Une telle démarche implique notamment,
de la part de l’intervieweur, une capacité d’empathie avec les répondants.
Notre recherche nous conduit à dégager les résultats suivants :
·
En premier lieu, nous qualifions « l’expérience du lien », fondée
sur les émotions, une intention de réciprocité, une éthique de fonctionnement
et une confiance partagée.
·
Ensuite, une caractérisation de la valeur de lien dans le champ mutualiste
est proposée, sur la base d’une extension de la typologie de Rémy (2000), qui
fait actuellement référence dans le champ des entreprises de service.
·
Puis nous montrons comment la valeur de lien se manifeste, selon que le
lien est fondé sur un militantisme a priori, ou sur une relation
suscitée a posteriori lors de l’échange entre les personnels en contact
et les assurés.
·
Nous soulignons les principaux traits de la valeur de lien : une
capacité à tempérer l’altérité créée par le contrat, une dissymétrie entre les
partenaires de l’échange, un manque de sentiment communautaire au sein-même du
sociétariat.
·
Nous dégageons les domaines d’expression privilégiés de cette
valeur de lien : l’empathie dont témoignent les personnels en contact et
les dispositifs à visée solidaire et de l’entreprise.
·
La reconnaissance émerge également comme fondatrice de la valeur de lien.
Notre démarche
s’inscrit dans le champ de la théorie de la reconnaissance qui fonde une
éthique de la relation interpersonnelle, constitutive du lien social. Cette
dynamique de la reconnaissance mutuelle permet à chaque individu de
« renaître en collectif » et de partager son appartenance à une communauté
politique ou éthique, sans pour autant y perdre son identité propre.
Il s’agit pour
l’entreprise d’assurance mutualiste de reconnaître cette communauté plurielle,
dans laquelle chaque individu se reconnaît dans la finalité d’un modèle
d’entreprise, car cette reconnaissance fonde la valeur de lien.
Nous montrons
enfin que c’est en renouant avec la forme d’idéal démocratique sur laquelle ont
été historiquement fondées les Associations Mutualistes, que ces entreprises
seront en mesure de restaurer un lien social authentique, dans l’esprit d’un
mutualisme adapté aux exigences de la société.
Mots-clés : valeur
de lien, lien social, don, échange symbolique, expérience de consommation,
communautés, marketing, culture consommateur, postmodernité, identité, approche
compréhensive, reconnaissance, démocratie, mutualisme, économie sociale, groupe
Macif, assurance, mutuelle.
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